Du mot à l’idée
Le manifeste des mots
La signification des mots est notre intelligence collective en tant qu’espèce humaine. Si je n’avais qu’un livre à offrir, ce serait un dictionnaire, le plus grand possible ! Tout y est : les mots, les significations, les relations. Le reste est superflu. Toutes les histoires sont écrites à partir de ces mots, dans un sens ou un autre, avec les ponctuations bien entendu.
Mais les idées me direz-vous ? Les idées sont le grand mal des mots qui s’y trouvent fort à l’étroit. Prenez une idée : brassez-la, attendez un peu et voilà une idée nouvelle ! Les mots sont permanents. C’est le fil d’Ariane qui court de siècle en siècle et qui fait de l’espèce humaine, une espèce à part.
Les mots sont la description de notre réalité, l’expression de ce qui existe en dehors et en dedans de soi. Nous utilisons les mots pour donner du sens, expliquer, communiquer, interpréter. Et plus précisément, pouvons-nous décrire ce que nous observons, plus familier il devient. Les mots sont une grande famille autour desquelles nous aimons nous retrouver entouré de gens qui parlent la même langue-
Et puis tout à coup, nous formons des phrases, vecteur de sens au-delà des mots, projection du logos dans une nouvelle dimension, exercice capiteux de découverte s’il en est. Un lego mental qui commence par quelques aphorismes, mot par mot, brique par brique. N’est-ce pas magnifique d’écouter un enfant prononcer ses premiers mots, puis associer quelques mots ensemble et déborder de joie lorsqu’il se fait comprendre : deux êtres, deux esprits connectés ensemble par des mots. Un éclat de rire, c’est tellement plus que rire.
C’est le moment d’eurêka par excellence, celui où l’accord des mots génère cette association, cette idée, à laquelle nous n’avions jamais pensé auparavant et qui déploie tout son sens en un instant, tel un éclair neuronal traversant notre cerveau. Victor Hugo parlait de tempête sous un crâne, et c’est en quelque sorte ce qui se produit lorsque nous faisons face à une idée inédite.
Des milliers de générations nous ont précédées pour construire ce système linguistique qui a été validé dans son utilisation par des milliards de personnes, eux même constitué de milliards de neurones pendant des milliers d’années. Cette quête de sens s’est traduite en une myriade de langues pour décrire toutes les subtilités de l’observation, de l’émotion et de l’ingéniosité avec parfois une formulation mathématique qui traduit un monde inconnaissable par les sens sur différentes échelles de temps et d’espace.
La même espèce animale qui a inventé les mots a aussi découvert les mathématiques, c’est ce que les Grecs Anciens appelaient le logos, la logique, et que nous pouvons appeler cette intelligence humaine collective.
Car les mathématiques ont leur propre langage et il serait trompeur de les associer à autre chose que la puissance de la raison, dans ce foisonnement de concepts, d’abstractions absconses, de méandre de l’esprit qui aboutit, sans que personne sache réellement comment, à un tout cohérent qui éclaire notre compréhension de la nature à travers la physique puis de fil en aiguilles à toutes les sciences
L’internet et la multiplication des canaux d’informations ont ajouté encore une dimension supplémentaire à ce mélange des genres et des idées. Une interconnexion élevée au carré : là où le monde des idées pouvait mettre des décennies voir des siècles à diffuser à travers les esprits pour aboutir à une théorie cohérente, ce chemin de percolation est désormais réduit en laissant plus d’esprits échanger et avoir accès à des idées nouvelles et renouvelées. Cette puissance supplémentaire d’échange amène avec lui son lot de confusion, qu’il nous faut intégrer au corpus immense du savoir hérité.
À l’aube de la seconde révolution quantique, du déploiement de l’intelligence artificielle à toutes les échelles de l’économie et de la robotisation de la chaine de production, retrouver la place de l’humain dans ce monde de plus en plus technologique et interconnecté appelle à un changement de paradigme comme interprétation de ces nouvelles formes de savoir. Nous sommes entrés dans l’ère de la connaissance et cette connaissance nouvellement acquise est une nouvelle naissance, tel un Nouveau Monde.
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